Les années fastes, Chan Koonchung

Écrit en 2009 et interdit en Chine, il a fallu attendre 2012 pour le voir publié en France. Il s'agit de l'un des rares romans d'anticipation politique sur la Chine contemporaine. Mais une anticipation pas si lointaine puisque cela se déroule en 2013...

Hongkongais, C. Koonchung, utilise son passeport comme protection vis-à-vis du pouvoir communiste chinois pour écrire et décrire une Chine en mutation.

Les années fastes

Le peuple chinois se trouve propulsé en 2013 dans un monde où tout un chacun est devenu heureux après une grave crise financière. L’Occident ayant fait faillite, et ne s'en remettant pas. Prémonition?
Seule une poignée d'individus (vous découvrirez à la fin pourquoi...) se rend compte de cet état d'euphorie générale insolite et ne comprend pas comment "1 mois entier" a pu disparaître de la mémoire du peuple.


S'en suit une longue quête pour la vérité, l'auteur menant une analyse sur le pouvoir politique qui n'a pas dû plaire aux membres du parti en place :

• le massacre de Tiananmen en 1989
• les églises chrétiennes souterraines
• l'impunité des instances dirigeantes...

Il est à noter un commentaire très pertinent sur la relation de la Chine envers l'économie de marché... sa future hégémonie sur l'Asie, son intérêt pour une production tournée vers son commerce intérieur, la mise en place d'un nouveau système pour l'implantation des sociétés étrangères sur le sol chinois...

Mais le plus intéressant est la création d'un programme économique mis au point par le parti : à partir d'un certain seuil de richesse, les épargnants chinois reçoivent, en échange de leur argent, des coupons d'achat qu'ils doivent utiliser dans les deux mois... de quoi relancer la consommation. Évidemment, il faut tout de même avoir une épargne...

Un des rares livres contemporains qui nous plonge au cœur d'une Chine qui nous échappe, qu'il est difficile à cerner.

Je vous le recommande chaleureusement.
Publié aux éditions Grasset.



Interview de Chan Koonchung :

Je vous laisse sur ces quelques mots de C. Koonchung :

• mieux vaut-il vivre dans " un paradis contrefait " ou dans " un bel enfer " ?  (l'auteur cite un poème de Lu Xun, écrivain chinois du début du XXe siècle)

Laurent