Pays Zafimaniry, trek au pays des palissandres...

Zafimaniry, un pays dans le pays.

Situé sur les hauts plateaux, au sud-est de la capitale, Antanarivo, le pays Zafimaniry est le haut lieu des sculpteurs sur bois, plus particulièrement sur le palissandre. Un bois dense et dur qui est très recherché pour ses qualités tant visuelles que mécaniques depuis le XVIIIe siècle.

Zafimaniry, 20 000 personnes qui se répartissent entre la falaise de l'est et le plateau Betsileo, dans une centaine de villages et hameaux perchés sur les hauteurs. Les fonds de vallées, plats, sont précieusement aménagés en rizières.



Greniers traditionnels.



Les villages sont toujours aménagés  de la même façon, des maisonnettes en bois qui demandent 10 années pour sa construction... La maison du chef du village près de la place où est sacrifié le zébu pour les grandes occasions, les autres maisons sont agencées dans le même axe que celle du chef et en périphérie, les greniers sur pilotis pour préserver les récoltes de l'appétit vorace des divers rongeurs...
Mais à la base, le bois et sa sculpture étaient la principale richesse et activité de la région. Suite à la disparition de quasiment 90% de la forêt (commerce du palissandre, artisanat, défrichage, brûlis...) la vie ne s'est pas du tout améliorée, loin s'en faut...

Le savoir-faire de ces spécialistes du travail du bois de palissandre a été inscrit au patrimoine de l'Unesco en 2003. Une reconnaissance tardive pour le peuple Zafimaniry qui a de plus en plus de mal à vivre, on peut dire survivre je pense, de leur art suite à la disparition rapide de ce couvert forestier...

Alors le trek dans cette zone non touristique peut-il apporter un soutien à ces villageois?



Je serais tenté de répondre par la positive, s'il est pensé en amont et bien structuré.
Ne plus penser le pays Zafimaniry comme une réserve de sculpteurs, tout en admirant cependant les réalisations, mais inclure les villageois dans l’accueil des trekkeurs. Une petite manne financière qu'il faut par contre répartir sur le maximum de familles pour que tout le monde y trouve son compte.
Facile sur le papier plus complexe à réaliser. Si l'on héberge chez l'habitant, il faut une maison assez grande, donc avoir déjà un meilleur confort que le reste du village. Si l'on plante la tente, il faut que le terrain appartienne au village tout entier et non à une seule personne.
Et puis tous les villages ne seront pas impactés de la même façon. A un ou deux jours de marche de la route, cela sera assez facile d'inclure tous les villages sur des treks, mais ceux qui sont à une semaine de marche...je crains malheureusement qu'ils restent dans l'oubli le plus total.

La tendance, toujours plus en toujours moins de temps, va exactement dans cette logique. Si l'on veut privilégier un tourisme qui inclut le plus d'acteurs possible, il va bien falloir repenser son organisation et ne plus dire que " l'on suit la tendance, la demande "...ou alors supprimer le marketing autour des tous ces tourismes responsables, durables et autres valeurs à la mode.
























Retour sur le trek à proprement parler...

Loin des axes touristiques de Madagascar, le pays Zafimaniry a conservé sa fraîcheur. Les rencontres avec les populations locales sont nombreuses, les chemins vont d'un village à l'autre, donc fous rires et échanges au rendez-vous...
La nuit chez l’habitant a été mémorable. En effet nous sommes arrivés le jour où un jeune homme de Faliarivo est allé discuter au village d'à côté avec sa belle famille sur la dote a fournir pour le mariage. La discussion n'a démarré qu’après la nuit et a certainement duré un certain temps. De ce fait, il n'est revenu avec sa dulcinée que vers 02h00 du matin...la musique a donc pu démarrer. Quand vous êtes dans la première maison collée à l’enceinte de fortune, et bien la nuit est terminée pour vous, mais vous devenez un grand connaisseur des musiques locales à la mode. Il faut bien voir le bon côté des choses.

Une fois les villages traversés, nous évoluons dans un paysage de verdure qu'une brume matinale dissimule, mais le soleil fait son œuvre, les fleurs de Gingembre sauvage et de Datura apparaissent comme des points de couleurs dans cette végétation omniprésente.

De nombreux cours d'eau à traverser, des fruits sauvages délicieux à décrocher des arbres (les goyaviers de chine et leurs fruits rouges acidulés sont tout simplement fantastiques), beaucoup de rencontres... voici les ingrédients d'une recette pour un voyage réussi... en pays Zafimaniry.























Laurent