Tchad, les lacs du nord. Perles du Sahara...

Changement de lieu, mais Tekenessi reste toujours au Tchad.
Entre l'Ennedi et l'Emi Koussi il existe une région qui a un fort pouvoir attractif.
Il s'agit des lacs du nord.



L'ensemble de tous ces lacs représente le plus vaste ensemble lacustre du Sahara, soit une superficie de l'ordre de 20km. Il y a 5000 à 15000 ans tous ces lacs n'en formaient qu'un, une vraie mer intérieure. En concurrence avec celui du lac Tchad, dont vous pouvez retrouver quelques informations ICI.
De nos jours l'immense lac du nord s'est morcelé en une multitude de petits lacs, une quinzaine selon comment ils sont subdivisés.



Boukou est quasiment unique dans ce chapelet de lacs, il n'est pas hautement salin comme les autres. Les autres lacs affichent un taux en sel souvent très élevé les rendant impropres à la consommation. Mais comme la nature fait bien les choses (comme toujours...), elle a ceinturée certains lacs d'une multitude de sources potables.



L'évaporation des lacs est l'une des plus élevées du monde, étonnant pour une région qui ne connait quasiment aucune précipitation. Elle peut atteindre 6m par an, malgré tout la profondeur des lacs reste la même. L'évaporation est compensée par un apport régulier de plusieurs sources. Les lacs sont essentiellement alimentés par une nappe phréatique fossile, créée lorsque le climat de la zone était plus clément et qui affleure à cet endroit.
Ce système aquifère est appelé : système aquifère des grès nubiens. Il est une des plus grandes réserves d'eaux souterraines du monde : épais par endroits de 3.500 mètres, il couvre plus de 2 millions de km, il représente une capacité totale de stockage d'environ 540.000 km3 d'eau douce souterraine.
Pour donner un ordre de grandeur, il pourrait représenter une piscine grande comme l'Allemagne, profonde de plusieurs centaines de mètres et remplie d'une des eaux les plus pures du monde.
Cet aquifère s'étale entre l'Egypte, la Libye, le Soudan et le Tchad (la zone qui nous intéresse..).




 
Ces réserves gigantesques ont été accumulées pendant les périodes humides du pléistocène et durant la période pluviale plus récente (8.000 ans), comme semblent l'indiquer les datations au C14. L'eau s'infiltrait sous la terre, saturant les couches de grès. Mais toute cette eau n'est pas toujours consommable et les flux de salinisation sont encore mal connus. Les spécialistes redoutent un pompage excessif qui provoquerait un changement dans le comportement des différentes nappes, transformant une partie de cette immense réserve d'eau douce en un vaste réservoir d'eau très saline impropre à la consommation et à l'agriculture.

Dans le nord du Tchad, certains lacs ont complètement disparus pour ne laisser que des salines  (Demi, Teguedeï...) exploitées par l'homme. Je n'ai pas eu la chance de tomber sur une période d’exploitation, il va donc falloir y retourner...



Fin 2012 les lacs d'Ounianga se sont vus ouvrir les portes d'une renommée mondiale en s'inscrivant dans le classement du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Mais les lacs ne sont pas seulement présents entre Ounianga et Demi, vous pouvez aussi en trouver plus proche du Tibesti comme celui de Gouri ou entre Faya-Largeau et Fada.




Le Sahara tchadien est unique, que ce soit dans l'Ennedi ou le Tibesti, il regorge de lieux qui finiraient par vous faire oublier le reste du Sahara.
Alors si cette année vous avez hésité à choisir cette destination, j'espère vous avoir convaincu qu'il y a beaucoup à découvrir au Tchad...
L'année prochaine je vais tenter de vous monter un voyage consacré à ces lacs, sur un programme court, à suivre...





Petite promenade virtuelle :