Poulpe party, en pays Vezo...

Allez un peu d'information sur cet incroyable invertébré...
Le mot « poulpe » vient du grec polypous, qui signifie « plusieurs pieds ». Il est à noter que le mot pieuvre est d'origine plus récente, il n'est introduit qu'en 1865 dans la langue française par Victor Hugo dans son roman " Les Travailleurs de la mer ". Le mot est emprunté du vocabulaire guernesiais de pêcheurs entendu lors de son séjour sur l'île anglo-normande. Il supplante rapidement le mot poulpe dans l'usage courant.
Mais dans le langage courant, et surtout à la pêche, le terme de poulpe est très largement utilisé. Il est rare d'entendre dire, " je pars pêcher la pieuvre ", ce qui nous ferait beaucoup plus penser aux récits de Jules Verne...



Revenons en pays Vezo où la pêche aux poulpes est une véritable institution.
Cette pêche se pratique essentiellement à pied, aussi bien par les femmes que les enfants. Les pêcheurs profitent de la marée basse pour parcourir le plateau rocheux protégé par la barrière de corail. Elle ne nécessite pas vraiment d'investissement, un simple crochet en métal fait l'affaire. Recourbé à une extrémité, il est introduit dans une cavité pour en extraire le céphalopode. Le plus difficile pour un novice est de repérer ces fameux trous, et de savoir s'ils contiennent ou non un poulpe...
La seconde technique consiste à parcourir les trous d'eau plus profonds avec un masque pour à nouveau repérer la présence d'un poulpe (pratique réservée aux hommes...).




Si vous restez quelques heures avec eux à scruter le platier, vous allez être étonné par le nombre de poulpes qui sont soustraits au milieu naturel, pour une consommation régulière.
Cette relative quantité s’explique, en partie, par la biologie spécifique du poulpe. Il double son poids presque tous les trois mois, cela lui permet de grandir et de se reproduire rapidement (les crabes et les coquillages en savent quelque chose ;-).
Mais il faut avouer que les pouvoirs locaux ont aussi essayé de mettre en application une loi qui restreint cette pêche intensive. A partir de la fin de l'hiver austral, il est interdit de le pêcher pendant 3/4 mois. Lui laissant ainsi le temps de se reproduire convenablement, sans faire s'effondrer le stock de poulpes.
Certains me diront, "balivernes que tout cela", il y en a plein, alors autant en profiter...oui bien entendu. La même chose avait été dite avec les concombres de mer...et bien en pays Vezo, vous n'en trouverez plus beaucoup. Plus rien, nada, les holothuries ont quasiment disparu.



Une fois pêché, il reste deux solutions :

• consommation immédiate
• consommation différée
  

Pour la consommation immédiate, le seul obstacle est celui de notre imagination. Il y a quantité de façons d’accommoder le poulpe, en variant les sauces et les ingrédients. Le mieux étant de le consommer face à la mer en pays Vezo...

Je vous promets qu'ici il a un autre goût...

La consommation différée nous est plus insolite.

Une fois vidé de tout ce qui ne se mange pas, vous coupez un bout de roseau ou bambou de telle façon que le poulpe se retrouve écartelé au maximum, lui donnant un petit air de cerf-volant. Vous lui trouvez une place au soleil, bien ventilé et vous le laissez sécher.

Pour les plus grosses bêtes, il faut de temps à autre vérifier en appuyant sur les plus gros tentacules que le séchage suit bien son cours. Ne reste plus qu'à les stocker en attendant la période d'interdiction de la pêche. Il sera alors découpé et incorporé dans la préparation de plats pour le plus grand bonheur de toute la famille...

Pour en savoir un peu plus sur le poulpe malgache (Octopus cyanea, Octopus aeginae et Octopus macropusc), en général l'Octopus cyanea, je vous incite à suivre ce lien extrait des " Manuels sur la conservation de la communauté de l’Océan Indien "

Bonne lecture et bonne dégustation si vous passez en pays Vezo.

Je vous invite à parcourir la galerie consacrée à ce retour à chaud, vous pouvez la trouver ici : Poulpe party.

Laurent