La dure loi de la montagne...

La montagne, comme la mer, est régie par une loi très dure. A la moindre erreur, vous pouvez être amené à en payer le prix fort. La nature ne pardonne pas les erreurs...
La montagne est un lieu qui peut sembler hostile pour l'humain, mais qui l'a toujours attiré, soit pour gravir les sommets présents, soit pour simplement en profiter le temps d'une pause, entre deux sessions de travail.
Et cela, aussi bien dans les Alpes qu'au fin fond de l'Himalaya.


Mais pourquoi nous parler de cela ? Et bien, je voudrais revenir sur l'accident de Michael Schumacher.
En tant que pisteur-secouriste, je pense être à même de pouvoir faire la part des
choses dans tout le fatras d’informations qui nous est déversé depuis quelques jours.
Bien entendu, il est vraiment dommage que ce grand pilote de F1 ait eu cet accident.
Mais c'est le côté médiatique qui me dérange le plus.

Tout d'abord à l'inverse de ce que certains journalistes peuvent dire, il n'a pas " subi un accident ". Même si je l'ai entendu bien souvent, on ne subit pas un accident.
Pour les chaînes d’informations en boucle (BFM-iTélé...), elles doivent tenir leur 24 heures, il faut donc bien meubler. Nous en sommes arrivés à cette étrange pratique qui consiste à dire très fort et partout que l'on a rien de spécial à dire ;-).



Ce matin, le 04 janvier, j'ai entendu qu'il allait être mis en place des recherches sur les causes de cet accident (gendarmes, police, en quêteurs, procureur...). Donc au final, de ne pas accepter cette " dure loi de la montagne "...
Le hors-piste de Schumacher était une portion de montagne non entretenue entre deux pistes, donc pas dans un lieu de haute montagne. Mais ce que l'on appelle dans le jargon, du hors-piste de station. Nous pouvons donc dorénavant mettre de côté les articles racoleurs qui profitent de l’événement pour communiquer sur son goût du risque.
Il a été mis en cause le casque qui s'est fendu, puis la fixation qui n'a pas lâché, la vitesse du skieur, et je pense d'ici peu que l'on va vérifier très sévèrement la qualité des premiers secours apportés par les pisteurs. Au moins sur ce point je suis sûr de leurs qualités.
Maintenant (18H30), on parle d'un potentiel mauvais balisage. Là c'est du grand " foutage de gueule ", les pistes sont toutes très bien balisées. Et cette année de faible enneigement, on distingue très bien les zones damées (piste) des zones non damées (hors piste).



Pour le reste, tout le monde va au final dire tout et n'importe quoi...Pour le casque, eh bien oui ils ont leur limite. Ce ne sont pas des casques de moto et ils ne sont pas prévus pour que vous percutiez la roche de plein fouet. Les fixations risques d'être un point crucial dans cette polémique. En effet, il n'y a pas de réglage standard, celui-ci est réalisé en fonction de plusieurs critères :

• poids
• niveau du skieur

Donc, comme Schumacher est présenté comme un très bon skieur (je ne peux rien dire, je n'ai jamais skié avec lui), c'est à lui de les régler ou de demander un réglage particulier. Il n'est pas un simple quidam ne maîtrisant qu'à peine le chasse-neige.

Dans notre société actuelle, il nous faut bien souvent trouver un responsable extérieur et non se dire que c'est une faute personnelle. Dans ce cas de figure, on verra bien le résultat médiatique.

Mais la question qui me taraude le plus : en ferions-nous de même pour tous les accidentés en hors-pistes de station ? J'espère que les assurances des skieurs de l'ombre (que nous sommes) feront cet effort dans tous les cas de figure.

Pour habiter en montagne et être pisteur-secouriste, j'ai bien peur de déjà connaître la réponse...

Laurent

Pour garder le moral :