Plutôt coq ou canard ?

Ce petit retour à chaud ne sera pas du goût des végétariens, végétaliens et bien entendu des Végan...Des ultras qui aiment tant se compliquer la vie, tout en compliquant celle des autres...
Laurent, tu n'es pas assez ouvert d'esprit, laisse-toi envahir par une conception moderne de la vie, ton futur en dépend.
Ok, je dois l'avouer...euh non, franchement, je m'en fous un peu !

Ma vie n'est pas carnassière à 100%, pas de viande (ou poisson) à chaque repas, mais pour le plaisir de temps à autre.
Le fromage et le beurre, oui régulièrement, les vaches à l'alpage sont juste devant chez moi, et elles ne semblent pas plus stressées que cela dans cette herbe fraîche de fin juin.




Ce Makay 2015, très très bonne cuvée au demeurant, nous a permis d'expérimenter un peu plus la viande sur pied.
Donc cette année, poule, coq et canard, soit 6 volatiles.
Certains me rétorqueront que nous mangeons bien assez de viande chez nous, alors pourquoi ne pas faire une pause dans ce lieu si difficilement accessible du Makay.
Oui, c'est vrai, mais non...

Changeons de mode de réflexion et arrêtons de réfléchir comme tous ces Occidentaux donneurs de leçons. Vous voulez vraiment être les évangélistes conquérants du 21e siècle ?


Alors soyons, un court instant, des paysans du fin fond de Madagascar.
Vous êtes dans un coin si reculé qu'il est difficile d'écouler le fruit de votre labeur.
Un petit village, un hameau, où tout le monde a des rizières, de la volaille, des zébus, des arbres fruitiers, des légumes...et bien, en dehors de quelques fêtes, il est quasi impossible de vendre quoi que ce soit.
En dehors de quelques boutiques pleines à exploser de chinoiseries et la vente de tooka (rhum local), difficile dans ce cas d'avoir une rentrée d'Ariary...



Pour les purs et durs, extrémistes qui me soutiennent mordicus qu'ils doivent eux aussi changer de comportement, je vous invite à déménager et venir vous installer dans le coin pour tenter le coup.
Il est toujours facile d'expliquer ce que l'on doit faire depuis son cocon confortable.
J'ai tenté de faire passer le message à mes amis malgaches du Makay, qu'ils devaient changer de mode vie et de consommation.
Déjà ils aimeraient consommer, ce qui serait un début, mais certains voudraient être trapézistes...et là ce n'est pas gagné ;-).



Alors quand des vazahas passent par là et achètent 6 animaux de la basse-cour d’un coup, c’est enfin une rentrée d’argent.
Donc voilà, c'est fait, il ne reste plus qu'à les transporter.

Accrochés par les pattes sur le bout de bois qui permet le maintien des bagages, ils voyagent souvent la tête en bas, en regardant la planète sous un autre angle.


Les premiers jours, les coqs chantent, puis loin des villages, ils arrêtent enfin ces réveils intempestifs. Les canards, eux, sont beaucoup plus sympas...
Nourrir ou ne pas nourrir ces volatiles, là est la question. Pour moi, c'est oui, mais pour les porteurs, c'est plus nuancé.
C'est vu d'un mauvais œil en effet, car ces bestioles s'alourdissent à chaque fois. Et ce riz serait mieux utilisé dans la casserole...

Le soir, il faut détacher partiellement tout le monde pour qu'ils puissent récupérer de ce voyage à l'envers. L'eau ne manquant pas, les canards ont toujours une mare pour retrouver le contact avec leur élément. Ils semblent chez eux partout, profitant de cet intermède pour se lisser les plumes.
Les coqs, eux, se regardent du blanc de l’œil en se demandant quoi faire. Se faire oublier, c'est sûr, se faire tout petit, ne plus exister...
Mais l'instinct reprend le dessus et ils grimpent à la première occasion dans le premier arbre accessible pour profiter d'un perchoir naturel pour la nuit.




Quoi qu'il arrive, ils finissent par passer entre les mains de Rémy (cuisinier émérite) qui les accommode au poivre vert, au jus de coco, à la sauce tomate, à l'orange...pour le bonheur de nos papilles.
Volatile bio (100%) après un apéritif au rhum devant un petit feu face à la rivière sur un banc de sable blanc...difficile de faire mieux.

Cette année, il y a eu du zébu...mais ça, c'est une autre histoire ;-).



Laurent