Boucher VS Vegan, la campagne malgache en liesse...

Une fois par an, c'est la fête nationale ou d'indépendance (au choix) à Madagascar.
Cela fait déjà deux fois que je passe le 26 juin avec les villageois des régions perdues des hauts-plateaux.
A chaque fois, c'est la même chose, orgie de rhum, de musique et de viande...

Par viande, il faut entendre cochon et zébu. Tout le monde a des canards ou des poules, alors, on ne va tout de même pas se jeter dessus.


En préambule, j'ai bien écrit une fois par an. Ça a toute son importance.
Dans ces campagnes reculées, les villages sont souvent à quelques jours à pied (vitesse de malgache) de la première piste. Cette fête est donc l'occasion de profiter d’une protéine animale. Le reste de l'année, c'est riz, manioc, haricots, patates douces...
Il n'est donc pas la peine de jeter l'opprobre sur ces pauvres villageois.
Une fois par an, ils se réusinent en famille pour déguster ces mets de choix. Selon les possibilités financières personnelles.


Dans les villages les plus reculés, sans marché, une bête est achetée en commun. Chacun recevra sa quantité de viande en rapport avec son apport. Chaque petit paquet est posé sur une feuille de bananier, prêt à être distribué.


Dans ce cas de figure, dès le plus jeune âge, les enfants savent d'où vient ce qu'ils mangent.
Je pense que si nos chères têtes blondes découvraient tout cela, il y aurait des surprises.
Pour le cochon, il faut le passer sur le feu pour brûler sa soie, puis le gratter pour l'en débarrasser.



Dans les villages à marché, c'est à l'étalage que l'on vient chercher son morceau. Cochon ou Zébu, au choix, il ne reste plus qu'à sortir les Ariarys...il faut compter 8000Ar pour un kilo de porc et 7000Ar pour le zébu. Le change est autour de 3340Ar pour 1€, en juin 2017...
ici, tout est bio, les bêtes sont en plein air et ne broutent que ce qu'elles trouvent, sous l’œil avisé de l'éleveur.
Les bouchers grimpés sur des chaises pour atteindre l'étal sont comme possédés. C'est la plus grosse journée de l'année, alors, il est hors de questions de traîner.









De petits chiens attendent en contrebas la chute éventuelle de petits bouts, c'est toujours ça de pris...


S'il vous plait, ne jugez pas trop vite nos amis malgaches. Dans cette campagne, la vie est dure, et cette réjouissance est la bienvenue. Adoptez le regard malgache et laissez de côté celui de l'Occidental qui a tout compris.


Je pense que cela ferait bien marrer les éleveurs malgaches du fin fond de ces hauts-plateaux (souvent une ou deux bêtes) d'apprendre que pour 1 kg de bœuf il faut 16000 litres d'eau. Ici, la rivière ne se tarit pas et l'herbe pousse librement et il y assez de rizières dans le coin. Si vous en voulez de nouvelles, il va falloir défricher la forêt primaire, et ça, ce n'est pas bien non plus...

Vous avez une solution ?

A table...



Laurent